« Vivre sans limites, dépasser les limites, marquer des limites, la dernière limite, aller au-delà de ses limites, un âge limite… »
La notion de limites s’inscrit partout dans notre langage et dans la vie quotidienne.
Nous imposons des limites à notre mode de vie personnelle en déterminant soi-même les bornes, les accès, les interdits. Le biologique dicte les siennes, alors qu’on se souhaiterait « sans limite » et que les performances physiques et mentales s’altèrent avec l’âge, le handicap ou la maladie.
Pour sublimer les bornes de l’impossible et de l’interdit, l’homme sait emprunter les chemins détournés de l’art, de la littérature.
De son côté, la psychanalyse, avec le concept de limites s’interroge sur les états limites, les troubles borderline, une pathologie des limites du moi où règne l’idée d’une frontière plus ou moins perméable permettant autant la communication entre divers lieux psychiques que leur séparation.
Ailleurs, au sein de la société démocratique, les limites sont imposées par des lois et des règlements qui régissent le rapport à l’autre. Elles se remanient selon les moments de l’histoire et redessinent les territoires des libertés, des devoirs individuels et communs concernant les « normes et démesures » politiques, économiques, juridiques.
Ces frontières signent aussi ce qui est acceptable ou démesuré dans les relations amicales, amoureuses, familiales.
Comment remodeler sans cesse ses désirs, ses exigences, ses propres freins selon l’ordre d’un monde qui exige des limites à notre toute-puissance ?